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FORUM DES ASSOCIATIONS ETUDIANTES
29/30 MARS 2003

ATELIER-DEBAT : Les actions de solidarité internationale.


LISTE DES PARTICIPANTS

A/ Le financement des associations de solidarité internationale par le M.A.E.
B/ Liens entre associations étudiantes et associations plus anciennes et de taille plus importante
C/ Etudes de terrain et partenariats avec les acteurs locaux
D/ Relations avec les autorités publiques des pays du Sud



A/ Le financement des associations de solidarité internationale par le M.A.E. :

Valérie Huguenin :
Toutes ces associations ont un souci commun, celui de mobiliser des ressources. Le Ministère des Affaires Etrangères (M.A.E.) répond aux besoins financiers des ONG de taille importante et ne soutient pas à l'origine les associations étudiantes qui sont de taille plus réduites. Cependant, depuis une quinzaine d'années, le M.A.E a observé un développement considérable des associations étudiantes. Il a donc fallu répondre aux attentes de cette catégorie d'acteurs associatifs sans pour autant répondre à tous. Dans cet objectif, le M.A.E. a lancé en 1997 le programme Jeunesse Solidarité Internationale, doté d'un budget d'environ 300.000 Euros (2 millions de FRF). Ce programme est co-piloté par un Comité paritaire composé de 8 représentants de Ministères différents et de 8 représentants d'associations élus. Ce Comité définit les critères du programme et fait des propositions pour l'améliorer. Une cinquantaine d'initiatives d'associations de jeunes ont ainsi reçu un financement de 1000 à 7000 Euros en moyenne, qui représente environ 1/3 du budget total du projet des associations. Pour être recevables, les projets doivent se dérouler dans des pays du Sud avec une équipe d'au moins 5 jeunes (10-12 jeunes en moyenne). Les critères essentiels sont l'implication des jeunes dans le projet, le(s) partenariat(s) sur place, le suivi et la continuité du projet sur place et les actions de sensibilisation en France. Une collaboration ou une prise de contacts avec les collectivités locales et régionales, ainsi qu'un effort d'auto-financement sont d'autres critères importants pour la recevabilité du projet.
Site du programme : http://www.diplomatie.fr/solidarite/jsi_vvvsi/pdf/programme_JSI.pdf
Parallèlement, le M.A.E. effectue un travail de lobbying auprès des autres bailleurs de fonds. Un recensement est actuellement en cours pour rassembler l'ensemble des dispositifs de formation, d'information et de financement pour les associations de solidarité internationale de jeunes. Il sera bientôt accessible sur le site : http://www.france.diplomatie.fr/thema/dossier.asp?DOS=SOLIDARITEDEVEL
Conseils :
Regarder ce qui se fait déjà, les projets similaires… Rejoindre des fédérations ou autres regroupements d'associations qui oeuvrent dans le même domaine d'action et avec les mêmes pays. La concertation et la cohérence des projets sont des éléments fondamentaux pour la réussite des projets.

Remarque (Association Keo) :
On observe souvent qu'il n'y a pas de collaboration entre les Ministères qui s'occupent des jeunes. Plusieurs ministères proposent des choses, mais il n'y a pas de centralisation. En tant qu'association de solidarité internationale de jeunes, on est donc obligés de frapper à toutes les portes pour se faire entendre. De plus, beaucoup d'institutions comme le M.A.E. sont basés à Paris, y a t'il des pôles décentralisés ?

V.H.
Il n'y a pas de centralisation, mais concernant les associations de solidarité internationale de jeunes, c'est essentiellement le M.A.E. et Défi Jeunes qui peuvent être utiles. Dans les régions il est conseillé de passer par les D.D.J.S., Directions Départementales de la Jeunesse et des Sports. Cependant, il est vrai que certaines D.D.J.S. ne jouent pas leur rôle de relais d'informations pour les associations de solidarité internationale. Le M.A.E est conscient de ces problèmes et tente d'améliorer cette situation.

Question (Association Jeunesse et Développement) :
Pour l'étude d'un dossier, est ce que le M.A.E. privilégie certaines zones géographiques ?

V.H.
Depuis 1999, le Comité interministériel de la Coopération Internationale de Développement définit chaque année une zone prioritaire pour l'aide au développement de la France. Exemples de pays pour cette année : Continent Africain, Haïti, Cuba, Antilles, Laos, Vietnam, Cambodge, Liban, Madagascar, Maldives… La zone prioritaire varie peu chaque année, bien qu'elle s'adapte à la situation du moment, avec par exemple l'entrée de certains pays touchés par une crise (ex. Afghanistan) et la sortie de pays qui ont atteint un certain niveau de développement (ex. Ile Maurice, Seychelles). Les projets co-financés par le M.A.E doivent se dérouler dans les pays de cette zone prioritaire. On remarque qu'au niveau international et européen, notamment au sein de l'ONU et de l'O.C.D.E, les pays tentent de se concerter et de répartir leur aide dans les différents pays du Sud, notamment en fonction de leurs liens historiques avec ces pays. Remarque : les Ambassades de France dans les pays du Sud ont des fonds, (FSD) qui soutiennent des initiatives locales. Ces fonds peuvent apporter une aide directe aux partenaires locaux.
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B/ Liens entre associations étudiantes et associations plus anciennes et de taille plus importantes :

Question (Association Phénix) :
Pourquoi n'y a t'il pas plus de contacts entre les grosses ONG, associations, et les associations étudiantes ? Cela permettrait à tous d'être plus efficace. Les grosses structures pourraient mettre à disposition des jeunes associations leurs connaissances du terrain, du contexte local, des problèmes… qui pourraient à leur tour apporter leur aide sur le terrain en répondant aux problèmes soulevés et reconnus par les associations plus anciennes et plus importantes en taille.

V. H. :
Effectivement il y a peu de liens entre les deux types d'associations. Cela peut s'expliquer par le fait que les grosses ONG connaissent une chute des donateurs depuis quelques années et doivent faire face à beaucoup de difficultés pour financer leurs projets. Elles n'ont donc pas toujours la possibilité de consacrer du temps aux relations avec les associations de jeunes. Cependant, on remarque aussi une tendance au renouvellement des membres de ces grosses ONG avec l'arrivée de nombreux jeunes qui devrait faciliter ce lien. Enfin, c'est également aux associations de jeunes de faire le pas et de créer ce lien avec les ONG plus grosses et plus anciennes. Pour cela, il faut investir ou créer des lieux de débat qui réunissent les différents types d'acteurs associatifs, comme la Guilde Européenne du Raid, le Programme Etudiante et Développement et les nombreuses plates-formes régionales ou nationales qui existent dans ce domaine. D'autre part, le M.A.E fonctionne en Commissions de travail (groupes de travail thématiques) qui sont ouvertes aux jeunes pour discuter et débattre sur la conception des programmes.
Pour trouver ces différents lieux de rencontre et de débat, il est conseillé de se rendre dans les centres RITIMO http://www.ritimo.org/ .
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C/ Etudes de terrain et partenariats avec les acteurs locaux :

Question (Association Sankana) :
Les actions de solidarité internationale doivent commencer par réaliser des études de terrain pour mettre en place des projets pertinents. Mais comment financer ces études pour des associations qui viennent de se créer ?
De même, les associations qui grandissent et mettent en œuvre des projets de plus en plus importants pouvaient depuis quelques années s'appuyer sur des professionnels avec le système des Emplois-Jeunes ; l'annulation des Emplois-Jeunes pose donc un problème aux associations.

V.H.
Effectivement, la réalisation préalable d'une étude de terrain est primordiale. Cependant, aucun bailleur de fond ne finance cette partie du projet, même dans les grosses ONG. Etablir ce premier diagnostic est le premier critère de réussite du projet, mais cela peut se faire sans forcément nécessiter de fonds. Il suffit d'une forte motivation des membres de l'association et de bons partenaires en France et sur place pour trouver les informations nécessaires pour établir le diagnostic. Cette phase peut néanmoins être longue, et il ne faut pas la précipiter. Les échanges préalables avec le(s) partenaire(s) sur place sont très importants.

Remarques (Association KEO et Association SANKANA).
KEO a créé deux partenariats réussis avec deux ONG indiennes, grâce à une communication régulière par mail et un séjour sur place de deux mois. L'association SANKANA fait part d'une mauvaise expérience avec des partenaires locaux et préconise de prendre son temps et de faire attention à ne pas s'engager trop vite.

Témoignage de l'association Phénix :
Il faut être sur place pour établir des partenariats. L'un des problèmes dans la relation avec le partenaire local, est de savoir ce qu'on apporte, sachant que les partenaires locaux disent toujours oui ! Un autre problème est de savoir avant de partir pourquoi on part ? Partir au sein d'une association de jeunes permet de se situer et de savoir si on souhaite avoir un engagement " professionnel ", ou simplement un engagement " citoyen ", ou bien juste rester dans le tourisme.
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D/ Relations avec les autorités publiques des pays du Sud :

V.H.
Le M.A.E travaille avec les Etats. L'objectif de la Mission pour la Coopération non-gouvernementale est de soutenir les sociétés civiles au Sud par l'intermédiaire de la société civile française. Il est fortement conseillé aux associations de solidarité internationale de travailler le plus possible avec les autorités locales des pays dans lesquels se déroulent leurs projets. Il ne faut pas oublier que certains domaines relèvent directement de la responsabilité de l'Etat, notamment l'éducation et la santé. Bien sûr, dans certains pays, il peut être dangereux de collaborer avec les autorités publiques, mais dans la plupart des pays, il est important de coopérer avec ces acteurs. L'une des raisons est d'abord par respect pour le pays et pour éviter des attitudes arrogantes. Ensuite, il s'agit pour les associations de solidarité internationale de prendre conscience de leur rôle dans l'amélioration et le développement de la démocratie et de l'Etat de Droit.
Exemples :
Sénégal : il n'y a aucune excuse pour ne pas travailler avec des instances comme la Direction Départementale de l'Education. Etablir des relations avec de telles instances est primordial surtout pour des pays comme le Sénégal qui reçoivent énormément d'associations de solidarité. Il ne faut pas agir dans son coin sans s'intéresser à ce que fait l'Etat et les autres associations. Ces associations ont un rôle énorme pour renforcer l'Etat et encourager les échanges de savoir-faire.

Remarque (Association Phénix) :
Sur plusieurs projets, l'association a pris contact avec les autorités publiques. Ces contacts n'ont pas toujours été suivis d'actes. Sur un projet, c'est le partenaire local lui-même qui a demandé à travailler en collaboration avec le Ministère. Sur un autre projet, en revanche, la tentative de travailler avec l'Etat à échouer ; cela pose problème car agir contre le pouvoir créé un contre-pouvoir.

Remarque (Association Jeunesse et Développement) :
Aujourd'hui, les associations de solidarité internationale agissent plus dans une logique de coopération au développement que dans un esprit d'assistanat qui pouvait régner auparavant (on le voit notamment avec la zone prioritaire qui regroupe principalement des ex-colonies françaises).
La coopération au développement implique un travail en relation avec les autorités publiques. Mais le problème que rencontrent les associations de solidarité internationale est souvent le manque d'informations sur ces autorités locales. De plus, la collaboration n'est pas toujours réussie. Une expérience d'un projet au Sénégal a montré les difficultés de la coopération avec les élus : corruption, manque d'actions et d'innovations… Ce n'est qu'après deux ans que les élus se sont intéressés au projet. L'association préfère alors travailler directement avec les jeunes qui s'affirment eux-mêmes dans la vie de leurs quartiers. Mais à cause d'un manque d'informations, on n'est pas assez conscients de ce rôle envers les institutions locales. Il faut informer les associations de solidarité internationale de ce rôle et de ce devoir envers les autorités publiques ! Le M.A.E a un rôle de sensibilisation des jeunes à ce sujet. C'est un élément trop important pour rester si méconnu.

V.H.
Le Président du Sénégal venu en France récemment a piqué une colère contre les associations françaises au Sénégal, à cause de leur attitudes parfois et du manque de coordination. On ne débarque pas comme ça sur des projets sanitaires et éducatifs sans un minimum d'informations et d'échanges avec les autorités du pays.

Remarque (Association Phénix) :
On a un grand rôle à jouer, notamment en apportant une reconnaissance à ces ONG du Sud en faisant l'intermédiaire entre elles et les autorités locales.

V.H.
En règle générale, il est important de toujours remettre en perspective son action, et de toujours regarder ce qui se fait à coté. Ne pas oublier aussi les associations de migrants qui ont beaucoup de connaissances à apporter sur les pays dans lesquels se déroulent les projets. Penser aussi au FORIM (Forum des Organisations Internationales de Solidarité Internationale Issues de l'Immigration). Au niveau européen, il existe aussi de nombreuses plate-formes, et regroupements d'associations de solidarité internationales (ex. Concorde).

Remarque (Association Phénix) :
Penser aussi aux étudiants étrangers présents dans les universités ou écoles.

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Pour tout commentaire supplémentaire, contactez KEO : assokeo@free.fr !

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