Un jour dans la vie de Poornima

(traduction d'un article du Vijay Times, 15.08.2004)

Poornima, 11 ans, fait partie d'une famille qui vit dans la rue depuis 3 générations. Elle et six autres membres de sa famille vivent dans la rue de Kondaji Basappa, à Bangalore, sur la route de Chamarajpet.
Sa grand-mère, Parvathamma y a emmenagé lorsqu'elle est partie de Mysore, il y a plusieurs dizaines d'années.
Elle voulait avoir une vie meilleure en vendant à Bangalore ce qu'elle sait faire : les paniers en feuilles de palmiers.
Elle a vécu dans la rue les 35 dernières années et y a élevé 2 fils, 2 filles et y voit maintenant grandir 3 petites filles.
Abandonnée par ses fils, Parvathamma, une veuve d'environ 45 ans, préside sa famille composé de ses 2 filles et 3 petites filles.
Ils survivent à peine dans une détresse quotidienne partagée par des millions d'indiens.
C'est l'état dans lequel nous sommes après un demi-siècle de liberté.

1. Il est 7h00 du matin. Poornima se lève, nettoie les gamelles et commence à cuisiner. Les adultes de se famille doivent parcourir de longues distances à pied pour répondre à des besoins naturels. C'est donc Poornima qui, au petit matin, cuisine pour la famille et fait les travaux ménagers.

2. 8h30. Poornima s'apprête pour aller à l'école, la "Gouvernement Middle Fort School". Elle dit qu'elle n'arrive pas à se lever à 5h30 si bien qu'elle part à l'école sans se laver. Toute sa famille prend son bain au fin fond d'une ruelle, dans la nuit, avant que tout le monde se lève, (NDLR : selon les moeurs indiennes là encore).

3. Poornima aime l'école, c'est une pause agréable dans le quotidien de sa "maison". L'école est aussi un endroit où elle peut penser à son futur. Ce qu'elle veut faire quand elle sera plus grande ? Elle veut finir le 10ème standard (équivalent de la Seconde en France) et travailler dans un atelier de coûture comme sa tante. Ses amies lui font changer d'avis. Maintenant, elle veut devenir prof.

4. Elle retourne à la "maison". Elle peut parfois se réfugier dans les couloirs de l'école primaire près de chez elle. Elle ne peut y rester qu'un moment après que les élèves de l'école soient partis. Aujourd'hui, le couloir de l'école est fermé. C'est aussi dans ce couloir que la mère de Poornima, Manjula, a pu s'occuper de ses bébés après les avoir mis au monde dans un hôpital public. Elle a été chanceuse, chaque naissance est tombé pendant les vacances scolaires.

5. A la "maison", la grand-mère Parvathamma a commencé à cuisiner pour le soir. Si il pleut, il n'est pas possible de cuisiner et personne ne mange. Parvathamma vit toujours de ses paniers en feuilles de palmiers. Ses deux filles, Manjula et Ratna, ramènent aussi un salaire, 2 500 Rs à elles deux (50 euros). Une bonne partie de l'argent part aujourd'hui dans le remboursement d'une dette de 50 000 Rs (1 000 euros). La famille s'est endettée pour couvrir les dépenses du mariage de Ratna qui a eu lieu il y a deux jours. Pendant ce temps, Poornima fait ses devoirs. Généralement, elle préfère étudier avant que le soleil se couche. Si il pleut, elle peut parfois étudier dans un foyer ambulant, un bus qui se gare dans le coin. Si il pleut pendant la journée, toute la famille se réfugie sous un bus.

6. Parfois, Poornima étudie encore à la lumière de l'éclairage public. Elle aide aussi sa soeur pour ses études. Elle déteste la pluie et la nuit. Un jour, deux voleurs masqués ont dérobé les boucles d'oreilles de sa mère et des affaires gardées dans un sac. Poornima était réveillée mais elle n'a pas alerté sa famille avant que les voleurs ne partent. Elle a peur pour les biens de sa famille (une poêle, un peu de vaiselle, des vêtements), tout tient dans deux gros sacs de toile. Sa mère, Manjula, a peur que la rue empêche ses enfants de grandir. Mais les vieux rêves d'une maison sont toujours aussi évasifs pour cette famille.