Ooty
Début septembre, j'ai
pris 3 jours de vacances pour visiter Ooty qui se trouve en altitude,
sur l'une des rares chaînes montagneuses d'Inde du Sud (Nilgiris).
Quel bonheur de retrouver un temps frais, presque froid. Et puis, c'est
l'occasion de voir des indiens avec des cagoules, le tableau est bien
rigolo.
Ooty est une station climatique assez jolie, on y cultive le thé ce qui
donne des paysages très verts et bien entretenus. Je vous conseille la
visite de Daddobatta (le point le plus haut) pour avoir un point de vue
sur la ville et profiter de la végétation exceptionnelle de la région.
Je suis redescendu à pied sur la vallée d'Ooty, c'était magnifique. On
a une vue à 180° des cultures à étages d'une extrême diversité (choux,
carottes, bananes, thé…), des petites maisons avec des jardins bien propres,
des champs de thé et des villages. A chaque coin, au loin, on peut observer
la vie quotidienne des gens, les femmes qui lavent le linge et étendent
les vêtements sur l'herbe bien verte ; les paysans qui labourent avec
leur charrue…
Ca m'a donné une vague impression de jouer à " Sim City " ou " Age of
empire " et d'être entrer dans l'écran de jeu.
Le train miniature à vapeur Ooty - Mettupulayam vaut également le détour.
Cette balade est sur tous les guides touristiques mais je n'ai pas été
déçu. Les paysages sont magnifiques, la montagne, les champs de thé, les
nuages se mélangent harmonieusement.
Le voyage de 4 heures était paradisiaque.
Par contre, le voyage
Mettupulayam - Chennai était plus difficile. Je n'avais pas de réservation
si bien que j'ai passé les 10 heures de trajet (de nuit) dans le compartiment
General Class, destiné à ceux qui n'ont pas de réservation. Ces compartiments
sont surpeuplés si bien que l'on s'assoie où on peut, sièges, sol, soutes
à bagages… Les gens parlent, les enfants crient, la lumière reste allumée,
les vendeurs passent toutes les 5 minutes en criant " chai, chai " (le
thé) ou " sips, sips " (en fait, chips). Autant dire que ça a été une
nuit blanche pour moi, surtout que je devais surveiller mes bagages. On
se doute bien que les voyageurs de ce compartiment appartiennent aux classes
sociales les plus basses. Personne ne parle anglais, toute le monde se
pousse du coude lorsque je sors un livre pour faire passer plus vite cette
nuit blanche interminable… ·
Dernière semaine
à Chennai
La dernière semaine
à Chennai a été une course infernale !
Depuis Mysore, j'écrivais régulièrement à Chennai pour avoir des nouvelles
de nos projets. Jeeva Jyothi devait travailler sur des articles (pour
le livre sur l'école en Inde) et surtout une liste de prix pour les produits
de l'usine de papier. Par mail, ils me disaient que tout avait été fait,
tout serait prêt à mon retour. Mais, à mon retour, tout était à faire.
Deux leçons à tirer :
- Ne pas croire un indien lorsqu'il dit qu'il a fait quelque chose, il
est probable qu'il ne l'a pas fait.
- Ne pas brusquer les indiens. J'ai essayé de les booster un peu car il
me fallait absolument terminer certains projets avant de partir. J'ai
bien vu que ça avait du mal à passer !
Pour le dire clairement : les indiens travaillent lentement et on ne peut
rien y faire, c'est comme ça.
Le dernier jour, on a eu une petite réunion d'adieux où chacun a pu s'exprimer
sur le mois et demi que j'ai passé à Chennai. C'était assez touchant,
tout le monde me félicitait surtout pour le travail que nous avons effectué
sur le commerce équitable. Ils m'ont dit qu'ils en avaient aussi beaucoup
appris sur la culture occidentale et leur rapport avec le temps. Oups,
c'est là que je me suis rendu compte que je les avais peut être un peu
trop boosté.
Bon, finalement, on en a bien rigolé, j'espère que ce n'est pas cela qu'ils
vont retenir de mon séjour.
Voilà, mon séjour
touche à sa fin.
Un mot encore des enfants du foyer. Avec l'arrivée d'Annabelle, on a fait
quelques activités avec eux, par exemple une partie de khabadi. Ce jeu
m'a surpris car il est assez violent, il y a deux équipes et on doit plaquer
au sol un intrus qui vient provoquer une équipe. On se retrouve vite tous
entassés sur l'intrus à moins que celui-ci soit assez vif pour regagner
son camp avant d'avoir été plaqué au sol.
On a eu aussi une soirée mémorable en jouant à un jeu improvisé : une
sorte de ping-pong mais sans table, sans raquettes et sans balle. Juste
les mains et une boulette de papier. C'était super drôle et ça nous a
occupés 2-3 heures.
Enfin, le soir du départ s'est passé dans la joie. J'ai toujours eu un
peu peur qu'un enfant du foyer s'attache à moi et qu'il soit malheureux
à mon départ. J'essayais toujours de jouer avec tout le monde sans attacher
d'importance à tel ou tel gamin.
Mais, mon départ s'est passé dans la bonne humeur, il faut dire qu'ils
étaient morts de rire quand ils m'ont vu descendre avec mon gros sac à
dos, bien plus gros que moi. Lorsqu'ils ont vu que, moi, j'étais un peu
triste, il y a un " grand " qui m'a dit : " don't cry, me, Ashok Kumar,
remember " en me faisant signe qu'il ne m'oublierait pas.
Et non, Ashok, je n'ai pas pleuré en partant mais j'avais de drôles de
sensations, une sensation de vide mais aussi une grande volonté de me
battre pour ces enfants. Ces enfants si joyeux à qui l'on peut donner
leur chance.
Sylvain
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