12 au 31 août : Un nouveau projet

"Vacances" à Hampi et Badami

Nos "vacances" à Hampi se sont révélées plus studieuses que prévu. On est partis tous ensemble, Fabienne, Chantal, Satish, Mary et moi. On a pu discuter, encore un peu plus d'Enedsa, de ses projets. Au milieu des ruines de l'empire de Vijayanagar, Mary nous a également proposé l'un de ses projets secrets : une coopérative alimentaire. Je lui ai tout de suite dit que Kéo pourrait la soutenir pour ce projet car, d'abord, c'est un projet proposé par un indien (ça change) et qu'il vise à assurer l'autonomie financière de l'association et à aider des groupes de femmes.

Juste un mot sur Hampi et Badami, deux sites touristiques merveilleux. Hampi est un site énorme qui a des airs de cités désertes. Des champs de ruines, des temples encore très bien conservés, des petites montagnes rocheuses, une rivière... On y vient pour profiter de sa tranquillité et de l'art de Vijayanagar, le dernier grand empire hindou. Badami est très différent. C'est un petit village, situé au bord d'une réserve d'eau (où le spectacle des femmes qui lavent leur linge est déjà exceptionnel), entre deux collines de grès rouge. Le village est plein de vie, je suis arrivé le 15.08 (jour national) si bien que je me suis fait inviter un peu partout à manger. Le site est magnifique, rien que ses collines rose-rouge attirent l'attention. Badami était la capitale des Chalukyas (6ème - 8ème siècle) et l'on vient découvrir ici, leurs temples-grottes construits à l'intérieur des collines.

De retour à Mysore, la ferme avait changé : le groupe de yoga, Fabienne, Chantal sont parties, Fanny, Sarah (la fille de Chantal) et 6 de ses copines sont arrivées. Elles travaillent sur la peinture du bureau et le nettoyage d'un local qui accueillera bientôt le dispensaire proposé par Fanny.

 

Une coopérative alimentaire ?

Enfin, je reviens sur le projet de coopérative alimentaire proposé par Mary. Enedsa veut acheter de la nourriture en gros puis la vendre au détail aux femmes des women's club un peu moins cher que le prix du marché. L'idée est de réaliser un bénéfice pour financer l'école d'Enedsa et les activités des groupes de femmes. Mais aussi de faire gagner du temps à ces femmes qui achèteraient (à plus long terme) tous leurs produits chez Enedsa.
C'est un des problèmes rencontrés par les women's club d'Enedsa : elles n'ont pas le temps de s'investir dans l'activité de leur groupe. Une vente à crédit est aussi envisagée pour les familles de coolies (travailleurs journaliers). Le projet permet à la fois d'envisager un développement autonome d'Enedsa et d'effectuer un travail social sur les quartiers en contact avec l'association.

Voici un récapitulatif des produits de consommation courante :
- Riz : l'achat ne peut se faire qu'entre janvier et juin, période à laquelle les prix sont les plus bas (mois de récolte). Il faut acheter les "paddy" (céréale) à environ 10 Rs / kg puis polir les grains pour obtenir le riz comestible. Enedsa voudrait stocker de grandes quantités de riz puis le vendre de juillet à décembre, période à laquelle les prix montent en flèche (20 à 80 Rs selon la qualité du polissage).
- Dal (lentilles) et autres féculent : l'opération d'achat intervient en juillet, août à 25 Rs / kg. Il faut également polir le féculent pour augmenter son prix de vente (40 Rs / kg).
- Huile, sucre, farine : ces produits ne connaissent pas de variations de prix saisonnières. La période de stockage est moindre. Le sucre est l'aliment le plus rentable : on peut l'acheter à 1 Rs / kg par sac de cent kilos et le revendre 16 Rs / kg. La farine s'achète 10 Rs / kg et se revend 16 Rs / kg ; l'huile s'achète 40 Rs le litre et se revend 50 Rs.
- Masala : mélange d'épices qui doivent être mixées pour être utilisés en poudre dans la cuisine. Il est difficile de mesurer la rentabilité de ce produit : il faut tenir compte du prix, de la saison de chaque épice (le piment se récolte en septembre, octobre et s'achète 20 Rs /kg). Ce produit sera plutôt testé lorsque le projet sera plus développé.
En moyenne, une famille de 3 personnes consomme par mois 20 kgs de riz, 10 kgs de farine, 2 kgs de dal, 1 litre d'huile... Il y a donc tout une gestion à mettre en place : acheter la bonne quantité de produits, au bon moment ; les stocker ; les revendre. Ce projet demande un fonds important qui pourrait permettre d'acheter de grosses quantités de dal (en juillet-août) ou de riz (entre janvier et juin) et de le revendre petit à petit, tout au long de l'année.

Pour commencer le projet, Kéo propose d'apporter un capital de 20 000 Rs. Cette année serait une sorte de test pour le projet. Enedsa veut d'abord travailler avec 50 familles (dont les professeurs) chez lesquels l'association va récolter des informations sur leurs habitudes alimentaires. Chaque famille devrait apporter au départ 100 Rs de cotisation pour entrer dans la coopérative.
On peut évaluer les opérations réalisables avec un capital de 20 000 Rs :
- Achat : 300 kgs de dal (12 000 Rs), 500 kgs de farine (5 000 Rs), 50l huile (2 000 Rs), 50 kgs sucre (750 Rs). Total = 19 750 Rs.
- Vente : dal 13 500 Rs, farine 6 000 Rs, huile 2 250 Rs, sucre 800 Rs. Total = 22 550 Rs
- Bénéfice = environ 3 000 Rs.
On peut espérer 10 à 15% de bénéfice. Dans un premier temps, ce bénéfice sera réinvesti dans la coopérative. A terme, il sera reversé à Enedsa. Satish et Mary ont promis à Kéo de leur envoyer un compte-rendu mensuel sur le projet qui devrait commencer fin septembre - début octobre. A suivre...

En tout cas, je repars à Chennai plein d'espoir pour Enedsa. Le réseau de partenaires souhaité par Kéo s'est mis en place naturellement au fur et à mesure des discussions. On a aussi deux projets intéressants avec eux (tourisme équitable, coopérative alimentaire) ... et du travail pour l'année à venir.

Sylvain