Chennai- 28 juin - 5 juillet : Visites touristiques

Je suis bien arrivé à Chennai (Madras) le 29 juin à 5h du matin. J'ai tout de suite pris la direction de Jeeva Jyothi où j'ai appris que le directeur Susai allait partir pour 4-5 jours au Népal pour un meeting international.
D'un commun accord, on a donc défini le programme de la première semaine en un mot : Tourisme !

Je me suis donc organisé un programme personnel :

Visite de Chennai
Le mercredi, je me suis vite rendu compte de la difficulté de visiter Chennai tout seul. Difficulté de marcher dans la rue au milieu de la misère, difficulté de trouver un endroit sans plan ni panneau, de parler avec les gens, de négocier les prix avec les autoricksaw… J'ai quand meme fait une rencontre sympa lorsque j'étais perdu dans Perambur. Une indienne m'a invité à prendre le thé dans sa famille. Ils ont toutefois été bien décus lorsque je leur ai avoué que, contrairement à eux, je n'étais pas chrétien !
Et puis, les membres de Jeeva Jyothi sont accueillants, ils m'ont beaucoup aidé, notamment Jules, un étudiant volontaire, et Pandi, le surveillant des enfants du foyer.
Le jeudi, j'ai repris la visite de la ville en utilisant les services d'une agence de voyages. C'est plus simple mais tout aussi moche. Chennai n'a pas d'intérêt touristique en soi (monuments, places…). -

Visite de lieux culturels
J'ai découvert néanmoins deux lieux magnifiques qui pourraient servir pour le projet de tourisme équitable.
D'abord le Dakshina Chitra qui est une sorte de musée de la culture d'Inde du Sud. Il prend la forme d'un village dans lequel on trouve des maisons typiques du Tamil Nadu, du Karnakata ou de Kerala. Dans chacune de ces maisons, il y a une activité : jeux avec une indienne, fabrication de paniers en feuille de palmiers…
Ensuite, le Kalakstra Academy qui est une école de danse et de musique traditionnelle. On peut se balader de cours en cours en prenant le temps d'apprécier les pas de danse ou le son d'instruments vraiment bizarres.

Visite de Kanchipuram (dimanche)
Ce fut la journée la plus dure puisque Kanchipuram est un lieu indiqué sur tous les guides touristiques. Ils rameutent donc, en plus des touristes, tous les estropiés, lépreux et malformés de la région qui viennent quémander quelques roupies. J'ai vu des gens avec des handicaps tellement bizarres… je ne savais meme pas que cela existait. Rien que la lèpre est une maladie impressionante, comment peut-on se retrouver avec deux mains sans doigts (juste la paume) ?
Et puis, il y a les arnaqueurs, non seulement les autoricksaws mais aussi, par exemple, les faux brahmanes qui te font croire n'importe quoi ! J'ai bien failli y laisser tout mon argent lorsqu'un de ces soi-disant brahmanes m'a dit que l'on ne pouvait entrer dans le temple sans faire d'offrandes. Il a fallu que je lui arrache les billets de la main à la sortie du temple lorsque j'ai vu qu'il était en train de détaller avec mon offrande. Kanchipuram possède aussi de beaux temples hindous mais là aussi un certain malaise s'empare de moi lorsqu'en entrant dans le sanctuaire, je vois tous les hindous qui me regardent en se disant " qu'est ce qui fous là ce chrétien ? ". Je ne vous parle pas du brahmane qui m'a engueulé parce que je visitais le temple dans le mauvais sens (il faut le faire dans le sens des aiguilles d'une montre).
Enfin, c'est comme ca, il y a des jours où ca sourit moins !

Pour cette première édition de mon journal de bord, je tiens aussi à livrer mes premières impressions sur l'Inde et les Indiens.
D'abord, je dois dire que, par rapport à mes expériences précédentes (Chili, Mexique), l'Inde est un pays beaucoup plus pauvre. Ce n'est pas vraiment une surprise. La pauvreté se mesure à pleins de petits riens qui font une grande différence. J'ai remarqué par exemple qu'il est difficile de rencontrer un indien avec des lunettes. Je ne pense pas qu'ils aient de meilleurs yeux ! Autre exemple, le matin, il y a une foule de gens qui sont de corvée d'eau, il reviennent de la pompe avec de grands récipients en plastiques. La misère saute aux yeux lorsqu'on se promène vers 10-11h du soir dans la ville. Vers la gare, se sont des centaines de corps - des hommes essentiellement - qui sont alignés. Dans le centre ville, c'est le coin des familles entières qui dorment dans la rue. Il y a des bébés de 7-8 mois qui trainent sur des cartons. Lorsque je passe devant, la mère de famille s'exclame " baby, baby " pour quémander une fois de plus.

L'Inde, c'est aussi un tas de petites habitudes que l'on a pas en France :
- les femmes mettent des guirlandes de fleurs dans leurs cheveux. Les vetements sont aussi exceptionnels, les saris des femmes notamment, mais j'aime beaucoup aussi la facon dont les hommes portent leur " drap " en guise de pantalon.
- des temples colorés se trouvent à tous les coins de rues
- dans les bus, il y a un coté pour les femmes, l'autre est mixte (je me suis fait avoir en m'asseyant du coté femme, tout le monde peut se tromper)
- la facon de circuler est pratiquemment indescriptible. En théorie, ils roulent à gauche mais la règle du contre-sens interdit n'est pas obligatoire ! La route est un vrai spectacle à elle toute seule : piétons, chars tiré par des vaches sacrées (qui ont les cornes peintes et des clochettes au bout), vélos, motos, autoriksaw (mobylettes transformées en taxi), bus, et quelques rares voitures, se partagent les mètres de bitume abimé…

Quant aux Indiens, ma relation avec eux est toujours très aimable et serviable. Si je vais vers eux pour leur demander quelques chose (par exemple, la direction), ils se coupent en 4 pour m'aider. Les gens viennent souvent me parler dans la rue meme si il y a un bémol car si quelqu'un engage une longue discussion avec toi (en te racontant ses problèmes), c'est qu'il va te demander de l'argent. En une semaine, j'ai déjà connu de nombreux cas de gens qui veulent manger, qui ont une grande famille, ou plus original, un exilé sri lanckais qui veut rentrer chez lui ou un brahmane qui va faire un long voyage spirituel. Il faut aussi se méfier en permanence des arnaques. J'ai déjà parler de ma mésaventure à Kanchipuram. Je vais prendre un autre exemple : je voulais aller au musée par bus, je demandais aux gens mais ils ne comprenaient pas. Un enfant me dit, OK pas de problème, je vais t'aider, il m'emmène dans un bus et me demande un roupie pour son généreux effort. Je lui donne sa monnaie et il s'en va tout content. Je demande alors au chauffeur si il peut m'indiquer lorsqu'on sera au musée. Il me répond que ce bus ne va pas au musée. Le gamin m'a menti pour un roupie, il aurait pu me mettre dans un sacré pétrin si j'avais effectivement pris le bus.
Les Indiens, grands ou petits, savent que nous, occidentaux, nous avons de l'argent et ils ont raison car le niveau de vie est très bas ici. Mais, du coup, la rencontre avec les indiens est souvent vicieuse. Je n'ai pas connu ca au Chili ou au Mexique où les gens discutaient avec toi par curiosité, sans arrière pensée. Peut etre que ca aussi, ca s'explique par la plus grande pauvreté de l'Inde et de ses habitants.

Enfin, il y a les enfants de Jeeva Jyothi qui eux sont différents : souriants, ils sont très curieux de mon arrivée. Je me promets la semaine prochaine de leur consacrer plus de temps… J'ai aussi eu la chance de participer à une distribution de livre, lors de mon premier jour. Une cinquantaine de gosse, tous très mignons, et très exités par ma présence et par les livres qu'ils allaient avoir.
Que du bonheur !

Sylvain