Les groupes de femmes créés par Enedsa

" ENEDSA's office ", un après-midi parmi tant d'autres. Quelques femmes entrent, et s'assoient discrètement sur l'un des bancs de l'entrée. Puis d'autres se succèdent ; peu à peu, les discussions se multiplient, quelques rires se font entendre... Ainsi commencent les " meetings " mensuels des groupes de femmes mis en place par ENEDSA.

L'objectif de ces regroupements de vingt femmes en association est triple. Tout d'abord, il vise à apprendre aux femmes à faire des économies pour le foyer. Le revenu familial étant généralement très faible, ENEDSA tente de leur faire prendre conscience de l'importance d' " épargner " chaque mois, pour les dépenses importantes futures. Chacune amène donc au meeting son "carnet d'épargne" et l'argent qu'elle a économisé pour le confier à ENEDSA, cadre nécessaire à ce fonctionnement.

De ce premier objectif découle le second : l'ONG peut apporter un soutien financier à ces femmes en cas de besoin urgent. La somme prêtée ne dépasse jamais le double du montant de leurs économies, afin de ne pas endetter une famille au-delà de ses capacités de remboursement. Le prêt, à taux zéro, est donc ici facilité et surtout mesuré pour les femmes, qui ne doivent devenir dépendantes d'ENEDSA.

Enfin, le troisième objectif du programme de l'ONG est l'autonomie des femmes. Pour cela, elle pratique le micro-crédit auprès de chaque groupe : ENEDSA leur avance, avec l'aide d'une banque, une somme d'argent assez conséquente pour mettre en place une activité de production qui leur est propre. Ainsi, les femmes peuvent gagner de l'argent, donc rembourser peu à peu le crédit, et surtout toucher un salaire. En plus d'une certaine autonomie financière, elles acquièrent donc une place relative dans la société. En effet, leur reconnaissance sociale est loin d'être acquise en Inde : beaucoup de femmes ne travaillent pas et sont soumises à leur mari puis à leur fils, après l'avoir été auprès de leur père… Les associations de femmes d'ENEDSA leur permettent ainsi "d'exister", en ayant des responsabilités et en nouant de nouvelles relations.

Car au-delà de l'activité de production qu'ils génèrent, ces groupes permettent aussi d'échanger entre femmes, et de créer des liens. Ils constituent en cela un lieu de socialisation quasiment unique pour elles, et peut-être une première étape vers l'ouverture, l'indépendance, voire la libération de leur condition.

…Après que chacune ait confié son argent et formulé ses éventuelles demandes à ENEDSA, quelques échanges se poursuivent, dans une atmosphère simple et joyeuse. Des sourires, des remerciements, et chacune repart modestement, mais avec un peu plus de confiance et de chaleur en elles, grâce à celles qu'on veut bien leur accorder ici.

Mathilde