Khasturi à la gare de Perambur

 

Perambur, où est situé Jeeva Jyothi, est un village dans la banlieue du nord de Madras. La plupart des trains express venus des grandes villes de la région passent par cette gare. Ainsi de nombreux enfants qui ont décidé de s’enfuir de chez eux pour gagner Madras passent par cette gare. Ils sont aisément reconnaissables, sales, affamés, complètement désorientés. C’est en partant de cette constatation que Jeeva Jyothi a créé un bureau à la gare de Perambur il y a trois ans afin d’approcher ces enfants, et si possible de les aider.


Un des membres féminins de Jeeva Jyothi, Khasturi, a la charge de ce bureau. C’est un bureau au sens le plus simple du terme : une table en bois avec le nom de Jeeva Jyothi inscrit dessus, située sur le quai principal de la gare, entre les bancs et les échoppes diverses. Khasturi travaille de 10h du matin à 16h. Ce n’est pas un travail facile, une gare est un endroit très bruyant, des trains express et locaux passent ou s’y arrêtent toute la journée. Son travail est simple : voir si des enfants susceptibles d’être des fugueurs descendent du train. Normalement ils se laissent facilement approcher si on leur propose de leur donner à manger. C est comme ça qu’elle engage la conversation. Puis elle essaie de savoir ce qu’ils souhaitent. Certains souhaitent retourner chez leurs parents. Dans ce cas, Jeeva Jyothi se charge de contacter la famille et d’assurer le voyage du retour. D’autres, qui ont été maltraités ou avaient de graves problèmes familiaux, refusent de rentrer mais acceptent d’être pris en charge, très souvent car ils ont envie de retourner à l’école. Dans ce cas, ils sont accueillis au foyer de Jeeva Jyothi, Ananda Illam, ou placés dans un autre foyer. Enfin, certaines fois, les enfants souhaitent continuer leur route car ils ont décidé de trouver du travail et de se débrouiller. Dans ce cas, Jeeva Jyothi les laisse libres de repartir.

Depuis la création de ce bureau, plus de 30 enfants ont été placés de la sorte. Khasturi approche aussi les enfants qui travaillent dans les trains (vendant concombres ou pop-corn) et essaie de savoir quel est leur milieu familial et leur propose de les aider. Après 3 ans passés à la gare de Perambur, elle connaît tout le monde, du vendeur de soda en passant par les mendiants et les porteurs de valise. Malgré l’aspect rébarbatif de ce travail –longues heures d’attente, chaleur étouffante de la gare- elle aime son travail. Elle s’estime récompensée lorsque, une fois de temps en temps, un enfant renonce à errer et accepte de retrouver une vie normale et d’aller à l’école.