Le camp médical

Première visite de terrain en compagnie de James, le conseiller médical, et de Pandy, le gardien des enfants. Vers 15h (le départ était prévu à midi mais j’ai vite réalisé que cela était de l’ordre du détail pour les indiens), nous montons dans le van de Jeeva Jyothi. Nous passons prendre une dizaine de médecins et d’infirmières dans un cabinet médical de Perambur puis nous partons pour le village de Pudukuppam au nord de Madras.

Après une heure de route, nous arrivons dans ce village qui mériterait plutôt le nom de hameau. Femmes et enfants nous attendent près de l’école qui a été mise à notre disposition pour les consultations. Tout s’organise très vite. Trois grandes tables sont mises en place. Les institutrices s’assoient à la première table pour noter le nom et l’âge des patients. Les médecins les auscultent à la seconde table et rédigent les ordonnances. La troisième table fait office de pharmacie.

En 3 heures quelques 300 personnes défilent, principalement des femmes et des enfants mais aussi quelques hommes âgés. Ils travaillent tous dans la fabrique de briques locale pour un salaire misérable. Les propriétaires des fabriques de briques sont venus les chercher dans leurs villages et leur ont proposé de rembourser leurs dettes contre leur signature en bas d’un contrat de travail. La dette doit ensuite être remboursée au propriétaire directement. Mais le salaire est minuscule et les intérêts s’accumulent, les travailleurs ne peuvent jamais rembourser leurs dettes et se font donc exploiter de génération en génération. Ils travaillent presque tous les jours et sans aucun horaire de travail fixe. Pendant la saison des pluies, d’août à décembre, il est impossible de fabriquer des briques. Les travailleurs retournent alors dans leur village pour participer aux travaux des champs puis ils reviennent à la fabrique de briques. Ces fabriques sont souvent très isolées et celle du village de Pudukuppam se trouve à quatre kilomètres des premiers magasins d’alimentation et à une dizaine de kilomètres des premiers centres médicaux. Les habitants de Pudukuppam ne bénéficient donc d’aucun suivi médical.

Le camp médical de Jeeva Jyothi est une première pour eux. La plupart des travailleurs souffrent de maladies liées à leurs conditions de travail : irritations des yeux en raison de la fumée dégagée par les cheminées basses lors de la fabrication des briques, problèmes de peau et maux de tête liés aux vapeurs et inhalations. Sans compter les nombreuses brûlures et plaies non soignées. Vers 19h30, le retour s’organise. Le van est plein à craquer car nous en profitons pour raccompagner les villageois qui habitent le plus loin. Pour finir, comme il fait nuit, nous nous perdons dans la campagne. Mais tout cela se fait dans la bonne humeur et vers 21h nous nous retrouvons finalement à Jeeva Jyothi.