Premiers jours à Jeeva Jyothi

 

J’atterris à l’aéroport de Madras à minuit et demi. Pandi, le gardien des enfants, et Leslie, le chauffeur, m’attendent. Première rencontre avec la chaleur et la foule de Madras. Nous prenons un taxi et passons une heure à slalomer entre les charrettes, les rickshaws et les motos à grands coups de klaxon. Il est 2 heures du matin lorsque nous arrivons à Jeeva Jyothi. Le vieux gardien et un des enfants sont là pour nous accueillir. On monte mes bagages. Je découvre qu’un jeune moine, Lawrence, volontaire pour six mois, occupe la chambre contiguë à la mienne. On m’installe et me souhaite bonne nuit. Malgré ma fatigue, je peine à m’endormir. La chaleur et le bruit de la rue sont très présents.
Après une première nuit assez agitée, je me lève vers 9h. A11h, je descends découvrir le personnel de Jeeva Jyothi. L’ONG grouille de monde. Tout le monde se présente mais j’ai un peu de mal à retenir tous ces noms. Finalement, après une première rencontre avec Susai Raj, le directeur, je pars en rickshaw avec Viji, une volontaire américaine, et Sudja, la fille du directeur, pour m’acheter quelques vêtements. Apres quelques heures de shopping, je mange mon premier repas indien en leur compagnie. Pas très concluant : tout est très épicé et je ne peux pratiquement rien avaler. Le soir je dîne avec Pandy dans la cuisine. Les enfants défilent les uns après les autres et Pandy en profite pour m’en présenter quelques uns. 
Dès vendredi, je rentre dans le vif du sujet. James, le conseiller médical, me propose d’assister à un camp médical dans un village au nord de Madras. Le voyage est intéressant mais crevant. Qui plus est, à mon retour, je suis attendue de pied ferme par les enfants. Je suis invitée à m’asseoir et les présentations commencent. Très vite je me munis d’un bloc et d’un crayon pour noter leurs noms. Quand nous avons fini la liste, ils s’empressent de me faire une première démonstration de leurs talents artistiques sur mon bloc note. Ils observent aussi mes vêtements -mes nouveaux vêtements indiens ne sont pas encore revenus de chez le tailleur- et mes bijoux, tout est jugé « super » ou « moderne ».  Très vite, je me retrouve affublée du fameux surnom « auntie » qui sert à interpeller toutes les femmes de leur entourage sans exception.

Le lendemain c’est déjà le week-end (enfin pour moi car le personnel de Jeeva Jyothi travaille le samedi). Je passe la journée avec les enfants. Je regarde plus de films de Kung Fu que je n’en ai vu durant les 22 premières années de ma vie. A la difficile question « Qui tu préfères entre Jackie Chan et Jet Li ? », j’ai un peu de mal à répondre. Pour tout dire, je ne m’étais jamais penchée sur la question. Je joue aussi à leur jeu des serpents et des échelles (un jeu de l’oie indien) et pour finir, le dimanche, je m’essaie au cricket. Le résultat est correct mais pas brillant. Enfin les enfants m’assurent que si je m’entraîne quotidiennement, je devrais m’améliorer. Me voila rassurée !