Salut les amis,
Me voila enfin rendue
en Inde, cette Inde que j'attendais tant.
Disons que je suis un peu arrivée en catastrophe. J'étais
partie de Bangkok avec 15 $US dans les poches et une carte de crédit
qui ne fonctionnait plus. J'avais essayé d'arranger mes problèmes
financiers mais bon, sans succès (je vous épargne les détails
des rencontres à la banque, à l'ambassade et des appels
telephoniques qui ne sont pas très interessants).
Après avoir payé la taxe d'aéroport, il ne me restait
que 2 gros $us. J'arrive àl'aéroport de Madras vers 22h.
En attendant la derniere vérification des passeports, je cherche
un touriste, dans la fil d'attente, que j'aurais pu transformer en sauveur.
Il n'y avait qu'un couple d'asiatique, par chance, derrière moi
dans la file. Je commence par leur demander de garder ma place pour que
j'aille aux toilettes. J'ai eu toutes les peines du monde à leur
faire comprendre ce petit message qu'ils ont fini par saisir a l'aide
de mimes plutot gênant. Comment leur faire comprendre mes problèmes?
Plan B: je sors de l'aéroport et me présente aux guichets
qui faisaient la promotiohn des hotels.
-We have room for 50 $ US
-too much
-20$
-too much
-How much you want to pay?
-1$ or 2$
- Oh Oh Oh, hi hi hi, this price does not exist in Madras"
Je leur expliquai que je savais très bien qu'il était possible
de loger pour quelques dollars à Madras. J'avais logé pour
très peu à Bangkok, je ne voyais pas comment le prix pouvait
quadrupler en Inde. Je sortis mon Lonely Planet et je leur mis sous le
nez le prix et la description des hotels pas chers : "It"s full.
It"s full".
Je compris qu'ils ne voulaient pas m'aider; alors j'allais partir et,
en me retournant, je vis un touriste. Je me retournai encore vers ces
promoteurs d"hotels et commenca a leur raconter mon petit problème
d"argent, non dans l'espoir qu'ils allaient m'aider mais, dans l'espoir
que le touriste, ayant tout entendu, allait finir par se devouer. Je finis
mon enoncé et les Hindous conclurent : "I'm sorry, I'm sorry"
Je me retournai, le touriste avait l'air un peu attendri mais, sans perdre
une seconde il examina les brochures des hotels de luxe et je repartis
en direction de l'entrée de l'aéroport. Je m'assis et pensai
àun plan C.
J"avais lu dans le Lonely Planet qu'il n'y avait pas de bus le soir, à
Madras. Meme si j'avais attrapé le dernier, est-ce que je voulais
me promener toute seule dans les rues à 10h du du soir, à
la recherche d'un guest house a 1$90 ? Ainsi, je decidai de dormir dans
l'aéroport et d'attendre le lendemain.
En arrivant pour entrer, un garde m'arreta:
-Where you
go?
-inside
-no
-no?
-no
-It"s because my boyfriend come tomorrow morning and I will like to wait
for him
- What is the number of his fly?
-I don"t know
- At what time he is coming?
-Tomorrow morning
-What time?
- ha what time? I don"t know exactly but morning
Je faisais la gnaiseuse qui ne savait pas trop parler anglais et ca fonctionnait
plus ou moins:
"Where he come from?
- Bangkok
- There is
no plane from Bangkok
- Yes, I know but, before coming here he go to Singapour and after Seoul
or maybe it's Seoul and after Singapour and I think he go some where else
but I don"t remember. I remember that he is coming tomorrow morning"
Bon, la discussion fut quand même plus longue que ça et je
finis par entrer dans l'aéroport. Il me pointa une chaise ou j'y
attachai mon sac et m' "endormis".
Je ne sais pas combien de fois je me suis reveillée durant la nuit,
j'étais trop fatiguée pour compter. Il y avait plein de
gens autour de moi, tous assis sur des chaises en attendant soit de partir
ou soit l'arrivée d'un de leur ami. Ils parlaient, riaient, criaient,
bougeaient... Je me réveillais souvent en sursautant. J'avais chaud,
froid, mal au cou, au dos. A 5 heures, j'allai aux toilettes. La salle
d'attente était presque vide : il n'y avait plus personne assis
sur les chaises. Je laissa mon sac attaché sur sa chaise. Je reviens
et un couple d'Hindous s'était assis juste à coté
de mon sac. Vraiment très subtile. Parmi les 100 chaises libres
qu'il y avait, il fallait qu'ils choissisent de s'asseoir là. Ca
ne me dérangeait pas vraiment, de toute façon, mon sac était
recouvert d"un imperméable et par dessus, il y avait un filet en
tige de métal qui s'attachait avec un cadenas. C'était impossible
de me voler. Je me couchai dans l'allée, par terre, entre deux
rangées de chaises, devant mon sac. Les Hindous, après avoir
lâché de petits soupirs insultes, se levèrent et s'en
allèrent, je m'endormis.
Je me reveillai vers 7 heures, j'étais toujours morte de fatigue.
(Deux jours avant mon depart, je m'étais réveillée
a 4h du matin, stressée de ne pas avoir recuperé mon visa,
de ne pas avoir d'argent, de ne pas être allée poster mes
millions de souvenirs... La veille de mon départ, j'étais
trop excitée pour dormir et je m'étais reveillée
a 5h du matin, en sursaut; j'avais oublié de recupérer mon
visa et, de ce fait, mon passeport. Là, j'était plus que
jamais fatiguée.)
J'allai au bureau de change pour changer mes 2$. En regardant l'employé
remplir un long formulaire pour seulement 2$, je ne pouvais m'empêcher
de rire. Heureusement, il riait aussi. Ensuite, je n'ai plus ri. Je cherchai
une banque autour de l'aeroport dans l'espoir que mes parents, après
le message de detresse que je leur avais envoyé de Bangkok, aient
tout résolu mes problèmes financiers. Un me dit d'aller
à gauche, j'allai à gauche, l'autre à droite, j'allai
à droite, un autre encore à gauche, je pleurai... J'étais
à bout de nerf, j'avais faim, soif, chaud, je voulais dormir et
voilà que je tournais en rond avec mon gros sac-a-dos.
Un chauffeur de rickshaw (taxi a trois roues dans le genre touc-touc)
s'arreta.
-Where do you
go?
- In a bank
- Which bank?
- a Bank a bank, any bank
- OK come
- I don"t have money
Apres lui avoir expliqué rapidement ma peite histoire, il me dit:
-How much do you have?
-2$
- OK OK give me two dollars, no problem
-no problem? Maybe my card will not work again. If it not work, what I"m
gone do after? No money, no food, nothing
Je partis en pleurnichant. C"est toujours dans les situations ou on a
besoin d'être le plus calme que l'on est toujours le plus enervé.
Finalement, je respirai 30 secondes et demandai des infos a un Hindou.
Les banques se trouvaient évidement dans les villes, je pouvais
prendre le bus pour y aller, je n'avais qu'a entrer dans n'importe quel
bus et dire City. C'est ce que je fis :
-Where do you go? me demanda le chauffeur de bus
- city
- Which city?
- I don't mind. A city with a bank.
- which bank?
- A bank, a bank a bank with money and credit card
Le gars me regarda d'un air vraiment bizarre, me donna un billet et me
demanda 4 roupies. Il ne me restait plus que 1$90: le décompte
est parti. Je demandai au dude de me dire quand sortir. Il fit un drôle
de balancement de la tête pour me repondre.
(Tous les Hindous
font des drôles de balancement de la tête. On dirait qu'ils
ont comme une pendule à la place de la tête. Ca leur donne
un air un peu mou. Je ne sais pas encore ce que ce geste signifie : oui?
non? peut-être? je ne comprends pas? je te suis?.
Ca me fait penser aux Thailandais, Cambodgiens, Vietnamiens et Laoitiens.
Eux, ils font un ferme hochement de la tête vers le bas, comme quand
on fait signe de oui mais, sans remonter la tête. En meme temps,
les asiatiques sortent un son de leur bouche qui ressemble à "Heu..".
Ce geste combiné au son veut dire je t'écoute. Si les asiatiques
ont le malheur de te repondre "yes" à une des questions
que tu leur poses, ca veut dire: "j'ai rien compris". J'ai hâte
de pouvoir comprendre le signe de tête des Hindous car, ils le font
tout le temps et j'espere que ce signe n'a pas les mêmes consequences
qu'un "yes" qui veut dire "no". Enfin, je crois que
leur geste est comme le mot "ostie" ou "tabernac"
pour les Québecois, on l'emploie à toutes les sauces. )
Pour en revenir à
mon histoire, le dude ne me dis jamais quand débarquer de l'autobus.
Je débarquai au terminal. Il eut la gentillesse de me reconduire
à une banque qui n'était pas trop loin. La banque était
fermée, c'était dimanche. A la place d'être desespeéee,
je fus soulagée, je n'avais pas le choix d'arrêter mes démarches
et d'aller me coucher. Enfin, j'arretais presque mes démarches.
J'allais voir si mes parents avaient repondu à mon appel de détresse.
Ils disaient que, d'après eux, ma carte était pleine (quoiqu'il
me restait encore 200$ à dépenser). Ils disaient qu'ils
allaient payer ma carte a l'aide de mon argent en banque. J'esperais que
mon problè me serait réglé ainsi car, je ne pouvais
rien faire de mieux que d'esperer.
Je choisis le premier hotel que je rencontrais sur mon chemin, bien qu'il
était un peu cher. A la réception, je leur racontai ma petite
histoire et leur dis que je payerais la note demain. Après ce long
recit qu'ils avaient l'air de trouver très douteux, le gérant
de l'hotel me dit: " Deposit 500 roupies"
Je recommençai, recommençai et recommençai à
raconter, à raconter, à mimer mimermimmmiereZAfaSEFseg.
Je laissai mon passeport en otage et allai me coucher. A peine étendue
sur le lit depuis 5 min., le gérant et ses 2 serviteurs arrivèrent
dans ma chambre sans prévenir : -Do you want to eat, to drink?
- I want to sleep
- eat eat eat
- sleep sleep
- ok
Ils repartirent. Je les trouvai vraiment pas gênés de s'introduire
comme ça dans ma chambre, mais enfin, sur cette pensée,
je commençai à m'endormir. J'entendis des bruits:
-Madam Madam, do you want to eat?
- I want to sleep
- You have to eat madam
- sleep, sleep
Ils repartirent... Ils revinrent :
-Madam we have rice, bread, water, tea...............................
- OK I don"t have money, I don"t eat
- But you have to eat
- no money, no eat
- no problem
- ok, I sleep and than I eat
-ok ok
Ils repartirent et après un seul serviteur revient en me montrant
son argent qu'il pouvait me prêter jusqu'à demain. Je le
remerciai énormément de sa gentilesse et lui dis que j'allais
aller le voir après ma sieste, si j'avais besoin de lui. J'avais
deux petits pains avec du beurre dans mon sac. Je les avais pris dans
l'avion car, je n'avais pas tout mangé mes deux repas. Je me demandai
si j'allais être capable de toffer jusqu'à demain comme ça.
Je me disais que si ma carte de crédit ne fonctionnait pas le lendemain
et, que non seulement je ne pouvais payer pour ma chambre mais, non plus
un repas copieux que j'avais envie de prendre, le maitre d'hotel ne serait
pas trop content. Je décidai de songer à tout ça
après ma sieste.
Je dormis, mangeai, marchai, lu, écris, me rendormis et:
-toc toc toc madam, madam it"s 7 am
- I sleep
-madam madam toc toc toc
- I sleep!!!
- madam I have to talk to you
J'allai ouvrir, le petit seviteur de 5 pied 3 me dit:
-Do you want to eat, to drink? we have coffee, tea, bread, omelet. It's
5 roupies for an omelet...
- can I sleep please?
- yes, but what do you like to order?
- please I want to sleep
- Ok Ok I come back later
-No! don't come back. I will tell you when I'm ready to eat
et je fermai
la porte, allai me coucher et :
- toc toc toc madam madam it"s 8 am you go to bank today
- I want to sleeppppppppppppppppppppppp
- yes but madam. If you want to leave and you don't want to pay for an
extra day you have to go to the bank and come back before 10h40 because
you arrive yesterday at 10H40 and for you the check in time it's 10h40
and madam if you want to have the time to eat and madam and and....
Je me levai, m'habillai, récuperai mon passeport à la reception
toujours avec le petit serviteur de 5 pied 3 qui semblait courir derrière
moi alors que je marchais. Le maitre d'hotel me dit de donner mon passeport
au serviteur qui était designer pour m'accompagner. Je mis le passeport
dans mon sac et lui dis que je pouvais le garder. Le maitre commenca à
chialer quelque chose au serviteur, je crus qu'il parlait de mon passeport.
Peut-etre avait-il peur que je fugue ? Enfin, je partis dans une banque,
dans une autre, une autre.....
A la neuvième banque on accepta ma carte de crédit. Le petit
serviteur et moi étions fous de joie !
Grosses bises à
tous
Genevieve
|