Jeudi 28 août 2003 : un après-midi dans les Red Hills

Comme j'en avais convenu avec Baskar (et pas Pascal…), je suis retournée dans le centre d'éducation non formelle de Gandhi Nagari, dans les Red Hills. Je me suis donc rendue à pied de Jeeva Jyothi à Moolakalai pour prendre le bus vers 15h30 : il faisait trés chaud et je commencais à sentir mes vêtements coller à ma peau… Heureusement, j'emporte toujours avec moi ma précieuse bouteille d'eau qui se vide extrèmement vite ! Quand le bus est arrivé, tout le monde s'est precipité pour avoir une place assise, moi compris, et de préférence à coté du contrôleur pour qu'il m'indique l'arrêt où descendre. Et puis, nous sommes partis…

Habituellement il faut compter une bonne demi-heure pour atteindre les Red Hills, mais aujourd'hui, ça a été assez galère tellement il y avait du trafic ! En fait, ils construisent actuellement une nouvelle route et les travaux font des embouteillages monstres ; alors chacun fait comme il peut, on roule à droite, on roule à gauche, on roule au milieu, on roule sur le bas-coté, bref il y en a pour tous les goûts !!!
Finalement au bout d'une bonne heure de route, je suis arrivée à l'arrêt des Red Hills sans encombre ; j'ai ensuite cherché un auto-rickshaw pour aller jusqu'au bureau de Baskar.

Le chauffeur commence par me dire 100 roupies, alors que Baskar m'avait dit que les prix tournaient autour de 15 à 20 roupies !!! Encore un qui croyait m'avoir… Quand je lui ai dit qu'il était fou, il a vite compris et a tout de suite baissé à 20, comme quoi ! Et me voila en train de discuter dans le bureau de Baskar où il faisait une chaleur atroce, le ventilateur ne fonctionnant pas à cause d'une panne de courant.

Au bout de ¾ d'heure, on s'est finalement rendu à Gandhi Nagari, dans l'usine de riz où se tiennent les cours d'éducation non formelle. Je ne sais pas si Baskar a des vues sur la jolie maitresse du centre, Anbarasi, mais il a mis plus de 20 minutes à se preparer…
La classe se fait dans l'usine de riz du quartier mais accueille des enfants des usines de riz avoisinantes ; les élèves sont assis à meme le sol, à l'extérieur, à l'entrée de l'usine et font face à la maitresse qu'ils écoutent attentivement… jusqu'à notre arrivée ! Je voulais me rendre de nouveau dans cette usine afin d'assister à la classe, de loin, sans que les enfants ne soient gênés par ma presence ; malheureusement la communication est mal passée puisque Baskar m'a dit que c'était à moi de faire la classe !!!
Quand on s'est finalement compris, Anbarasi, la maitresse tout de rose vêtue, a fait une petit leçon de mathématiques d'environ 5 minutes : apparemment elle avait l'air un peu gênée, comme si elle croyait que je la jugeait, ce qui avec le recul me semble une réaction tout a fait normale. Elle a donc laissé les enfants s'exprimer, et tour à tour, ils m'ont récité en tamil, bien entendu, des strophes de 20 lignes maximum destinées, à ce que j'ai compris, à développer la mémoire : des petits poèmes, ou des calembours peut-etre, comme on en apprend à l'école. C'était vraiment trop mignon !
Ensuite, comme aujourd'hui était un jour de fête, par ma présence, ils ont sorti la sono pour que les enfants puissent me montrer leurs talents de danseurs… A ce niveau là, les garcons sont beaucoup moins timides que les filles ! En revanche, les garcons et les filles ne dansent pas ensemble et pas sur les mêmes musiques : les premiers dansent sur des paroles chantées par les hommes, et les secondes par les femmes. C'est quand ils se sont tous levés que je me suis rendue compte que l'on distinguait nettement les enfants qui allaient à l'ecole de ceux qui travaillaient toute la journée : les enfants dont les parents peuvent se dispenser l'aide sont correctement vêtus tandis que les autres ont des vêtements usés, troués et de mauvaise qualité… Enfin, ça ne les a pas empêché de s'amuser ! Ils avaient l'air vraiment heureux !

Et pendant qu'ils dansaient, les hommes passaient entre eux et moi, chargés de sac de riz pesant 100kg pour charger le camion qui attendait à l'entrée…

Emilie