LES ONG, IMPUISSANTES FACE AU GOUVERNEMENT ? |
Il est difficile en Inde de démêler le vrai du faux quand on parle d'éducation et d'ONG… La langue de bois est de mise au sein des gouvernements ; et les discours virulents des ONG font froid dans le dos et laissent peu d'espoir quant à une issue favorable à l'education pour tous. Alors qu'en est-il réellement ? Il faut d'abord savoir
que les ONG et les gouvernements ne se situent pas dans la même
perspective, que ce soit au niveau de l'éducation ou dans d'autres
domaines relevant du social. L'Inde est un pays en voie de développement,
endetté auprès des instances internationales qui surveillent
de près tous les faits et gestes du gouvernement central ; en outre,
malgré son surnom de "plus grande démocratie du monde" et
malgré le fait qu'un homme de la caste des intouchables en soit
le Président, le sous-continent reste un pays fortement inégalitaire
et essentiellement tourné vers les élites intellectuelles
et financières. Dans ce paysage, on comprend aisément que
le social ait du mal à faire sa place… Le gouvernement s'est
donc vu opposer une résistance passive face à ces objectifs
de libéralisation et s'est vu rappeler à l'ordre par les
ONG dans les domaines où l'Etat avait, semble-t-il, démissionné.
S'il doit désormais compter avec ces nouvelles organisations, le
gouvernement central est loin de se laisser marcher sur les pieds. Et
plutôt que d'affronter ouvertement les positions défendues
par ses adversaires non gouvernementales, il a préferé utiliser
les ONG pour mettre en oeuvre ses projets. Malheureusement, les
ONG, si elles peuvent la plupart du temps exercer leurs activités
sans aucun probleme, sont en revanche étroitement surveillées
par le gouvernement central. Leurs moindres faits et gestes sont rapportés
par les "Investigation People" du CBA (Central Bureau of Agency) qui viennent
régulièrement farfouiller dans les documents et les comptes
des ONG et qui réclament souvent au passage quelques roupies pour
s'assurer leurs bonnes grâces. Le gouvernement central n'hésite
donc pas à faire pression sur les ONG par le biais de ces "Investigation
People", en les menaçant notamment de leur retirer leur licence.
De plus, certains financements venant de pays étrangers ont été refusés par le gouvernement indien ; ainsi, une quinzaine de pays proposaient il y a quelques années la somme de 150 milliards de roupies, soit environ 30 milliards d'euros, à titre d'aide, dont une partie devait être allouée aux ONG. Cependant le gouvernement a refusé cette aide financière, estimant ne pas être en besoin ; en effet, le pays accorde, au titre de la coopération bilatérale, 100 milliards de roupies à ses partenaires (Bangladesh, Irak…) et s'est donc senti offensé par la proposition des pays occidentaux. La perte financière pour les ONG a été énorme, même si certains des pays, comme la Suède, ont tout de même fait parvenir des fonds pour soutenir certaines d'entre elles. Le cadre d'activité des ONG est donc déterminé par le gouvernement, ce qui ne les empêche pas de mener à bien une grande partie de leurs missions ; malgré tout, le sentiment de se sentir surveillées empêche bon nombre d'entre elles de prendre des initiatives, et freine le développement de nouvelles alternatives pour pallier les carences éducatives de l'Etat indien. Emilie |