suite..
Mais je voudrais revenir
sur la journée d'hier que je n'ai pas eu le temps de vous raconter
en entier.
Vers 16h, nous nous sommes rendus avec Deva dans le quartier de Subramani
Taottam où vivent des familles de coolies, de vendeurs de fleurs
ou possédant de petits magasins. Musulmans et Hindous ne s'y mélangent
pas, mais vivent apparemment sans hostilité ni conflit. JJ a initié
dans ce quartier des cours du soir pour éviter les cas d'abandon
et d'échec scolaire et les travailleurs sociaux continuent leur
campagne d'enrolement pour l'école mais encore un certain nombre
d'enfants refusent cette perspective. Contrairement au quartier des fabricants
de chaussures, le problème semble moins etre ici le besoin de la
participation de l'enfant au travail familial pour survivre que la volonté
des enfants eux-memes qui ne trouvent aucun intéret dans l'école
et préfèrent gagner quelques roupies pour acquérir
une certaine indépendence. Je suis totalement dépourvue
de solution face à ce genre de comportement et Deva confirme la
quasi impossibilité de mener ces enfants sachant à peine
lire et écrire sur les chemins de l'ecole.
L'originalité des cours du soir à Subramani Taottam est
qu'ils sont delivrés non pas par un professeur de JJ mais par des
éleves eux-memes que l'ONG a formé à ce genre de
travail. Deva me présente avec fierté Surya, 15 ans, étudiant
en 11e standard (la plupart des enfants ne vont pas au delà du
10e) qui fait seul la classe deux heures chaque jour à près
de 25 enfants agés de 6 a 15 ans. Ils s'installent au pied du temple
de Siva, avec le ciel pour seul infrastructure, et Surya distribue à
chacun lectures, devoirs et conseils. Je suis impressionnée par
sa ferveur et son assurance. Il me dit combien il aime enseigner et combien
il doit à Jeeva Jyothi. Ce qu'il ne sait pas encore, c'est que
l'association compte l'employer comme professeur de cours du soir au terme
de ses études tant les stages de formation en ont fait un bon professeur.
Il me fait visiter
sa maison, au 5e ou 6e étage d'un immeuble sans eau courante. Toute
la famille vit dans ces deux pièces sombres et noires de suie que
les offrandes de fruits et de feu à l'icone de la mère déesse
occuppent pour moitié.
Surya est un personnage, il m'impressione plus encore lorsqu'un homme
important du quartier vient insulter Deva et les enfants assistant aux
cours du soir car il refuse l'ingérence de l'ONG. Les deux membres
de JJ demeurent calmes (pendant plus d'une heure, tout de meme) et expliquent
posément les ambitions et les réalisations de l'organisation.
C'est trés difficile dans ce quartier car un travailleur de JJ
aujourd'hui licencié a soutiré et volé de l'argent
aux enfants qui aspiraient à mettre en place un fonds commun comme
dans tous les Children's Club. Il est donc fondamental aujourd'hui de
regagner la confiance des enfants mais surtout des pères plus prompts
encore à s'opposer au moindre changement.
J'ai également
eu la chance de rencontrer à Subramani Taottam mon premier Women's
Club au complet, une création toute nouvelle dans ce quartier et
qui a l'air de trés bien fonctionner. Nous avons eu un échange
fantastique avec ces 10 femmes qui avaient l'air si heureuses de se retrouver.
Il est toujours impressionnant ici de voir à quel point des femmes
qui ont de telles difficultés financières font montre d'une
élegance et d'une coquetterie sans pareil. Nous avons beaucoup
ri et elles m'ont parlé de leur vie et de leurs enfants. Mais ne
déflorons pas le sujet tout de suite car je vous prépare
un court article sur les Women's clubs de Jeeva Jyothi dont elles seront
les principales héroines…
Merci une fois encore
de votre attention,
J'attends de vos nouvelles,
Anne-lise.
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