Les Clubs d'enfants : l'espoir incarné de Jeeva Jyothi

 

Jeeva Jyothi adopta dès sa création une démarche originale en choisissant de ne pas se concentrer uniquement sur la scolarisation des enfants mais aussi sur leur éveil et leur éducation démocratique et sociale, espérant ainsi forger une jeunesse aux mœurs plus modernes et égalitaires que celles de ses ainés. C'est la raison pour laquelle elle mit en place des Clubs d'Enfants se réunissant de façon hebdomadaire et au sein desquels les écoliers apprennent ce que l'école ne leur enseigne pas: - les droits de l'enfant,
- les pratiques démocratiques,
- l'épargne,
- la solidarité
- et l'initiative.

Ils élisent ainsi leur président, secrétaire et trésorier, constituent un fonds commun grâce à leurs petites économies, travaillent avec les membres de l'ONG sur la signification de leurs droits et l'organisation de campagnes de sensibilisation publique. On les voit alors défiler auprès de l'association à l'occasion de la Journée annuelle des Droits de l'Enfant ou pour des campagnes ciblées auprès des autorités de la ville de Chennai.

Mais laissons nous guider sur les pas du Club d'Enfants de Seminathaman Colony : une trentaine d'enfants de 6 à 16 ans s'y retrouvent une fois par semaine pour parler de leurs droits, de leurs difficultés, de leur perception des problèmes du quartier ou de leur santé. Ils y entonnent des chansons où sont réaffirmés l'horreur du travail des enfants et le droit inaliénable de l'enfant à l'éducation. Ils travaillent de façon informelle les mathématiques, les sciences sociales, les langues mais acquièrent surtout ce qu'ils nomment un 'sens social'. Chaque semaine, chacun ajoute ainsi une ou deux roupies au fond commun qui leur permet d'acheter crayons et cahiers pour l'école, apprenant ainsi les réflexes d'épargne qui font tant défaut à leurs familles. Jeeva Jyothi participe dans ces achats à hauteur de la somme réunie par les enfants eux-mêmes.

Mais au-delà de l'apprentissage de cette vie en communauté, de cette entraide et de ces habitudes qui façonneront leur vie adulte, le Club d'Enfants constitue avant tout le moyen privilégié pour tous de dire à quel point ils aiment l'école. Les écolières les plus âgées se sont ainsi promis d'amener chaque soir à la salle commune cinq enfants pour les aider à étudier, mais aussi d'aller parler aux parents des enfants ayant abandonné l'école. Elles contribuent ainsi au succès des cours du soir et des cours d'Education Non Formelle mis en place par Jeeva Jyohi en parallèle de sa campagne de scolarisation.

Ces groupes permettent donc de responsabiliser les enfants désormais conscients de leurs droits mais aussi de leurs devoirs de citoyens, d'enfants et d'écoliers. On les sent assurés, autonomes et volontaires. Tous affirment d'ailleurs vouloir continuer à étudier pour atteindre leur rêve ; ils veulent être policiers, médecins, avocats, professeurs ou politiciens, et comptent sur l'école pour y parvenir.

Jeeva Jyothi a donc réussi grâce à ces clubs à changer durablement l'état d'esprit de ces enfants qui se permettent à présent d'espérer un autre futur. Ils sont investis dans la vie de leur quartier, dans les campagnes de scolarisation et de santé publique, dans leurs études. Les filles, surtout font montre d'une volonté d'émancipation et d'autonomie fantastique qui contraste radicalement avec le statut de leurs mères. Une jeune adolescente affirme ainsi ne vouloir qu'un enfant, une petite fille, pour pouvoir travailler librement en parallèle. Le travailleur social de Jeeva Jyothi l'applaudit avec des yeux brillants de plaisir, témoin du chemin qu'il fait parcourir aux mentalités de son pays.